Mon oncle est né en janvier 1944 en Pologne, dans l’étable des paysans qui cachaient ses parents. Pour le sauver, son père le dépose sur le rebord d’une fenêtre. Caché dans la forêt, il est abattu par les Allemands et jeté dans une fosse.
Après la guerre, la mère – ma grand-mère –, émigrée en France, négocie durement le retour de l’enfant avec la famille nourricière. Elle épouse mon grand-père qu’elle dit être le père de l’enfant.
L’enfant a grandi et, 46 ans plus tard, il érige un cénotaphe : un tombeau vide, sans corps, pour son père inconnu. Ce jour-là, sa famille française et sa famille polonaise sont réunies, seule manque ma grand-mère qui refuse de retourner en Pologne.
À travers cette pierre, j’interroge les ombres, les traces et les répercussions du génocide sur les trois générations de la famille française et polonaise.
Shâd Bâsh
Hélène Rastegar
79' - 2024